Une note du 15 décembre 2025, cosignée par le SFDO, l’UPO et l’AFO et partagée avec les pouvoirs publics analyse l’impact de l’ostéopathie sur la santé publique et les dépenses collectives. Le document met en garde contre les conséquences négatives d’une exclusion des soins ostéopathiques des contrats responsables des organismes complémentaires d’assurance maladie, qui risquerait d’aggraver les dépenses de santé et de réduire l’accès aux soins pour de nombreux patients.
L’ostéopathie en chiffres
En France, près de 20 000 ostéopathes exercent l’ostéopathie de manière exclusive, principalement en libéral. Chaque année, 25 millions de consultations sont réalisées et 64 % des patients bénéficient d’un remboursement partiel par leur mutuelle, avec une prise en charge moyenne évaluée à 50 % des honoraires.
Malgré cela, le reste à charge pour les patients reste élevé, limitant naturellement le nombre de consultations à 1,45 en moyenne par an et par patient.
L’ostéopathie jouit d’une forte popularité : 86 % des Français font confiance aux ostéopathes, et 82 % souhaitent maintenir leur remboursement par les mutuelles.
En cas de déremboursement, 33 % des patients renonceraient aux soins, tandis que 20 % se tourneraient vers des soins plus coûteux pour la collectivité, comme les médecins généralistes ou les kinésithérapeutes. 30 % des patients renonceraient à se soigner.
Efficacité et sécurité des soins ostéopathiques
Les publications scientifiques récentes confirment l’efficacité de l’ostéopathie, notamment pour les lombalgies non spécifiques, avec un niveau de preuve modéré à élevé. Deux essais cliniques majeurs (Licciardone, 2013 ; Popovich, 2024) démontrent une réduction significative de la douleur et une amélioration de la qualité de vie des patients.
Deux overviews (synthèses de revues systématiques) confirment ces résultats, tout en soulignant la sécurité des pratiques, avec très peu d’effets indésirables graves rapportés.
L’ostéopathie apparaît comme une solution non médicamenteuse efficace, qui pourrait réduire les coûts indirects, notamment ceux liés aux arrêts de travail.
Impact économique de la lombalgie et rôle de l’ostéopathie
La lombalgie, dont le coût annuel pour la France est estimé entre 30 et 60 milliards d’euros (1 à 2 % du PIB), représente un enjeu majeur de santé publique. Les coûts directs s’élevaient à 2,7 milliards en 2010 (Dupont, 2010), les coûts indirects (arrêts de travail, perte de productivité) représentent 60 à 75 % des dépenses totales.
Des études récentes suggèrent que l’ostéopathie pourrait réduire les arrêts de travail et améliorer la qualité de vie des patients, avec un rapport coût/efficacité favorable. Par exemple, une étude en entreprise (Garret et al., 2024) montre une diminution des arrêts courts après des soins en ostéopathie.
L’ostéopathie peut donc permettre une économie sur les coûts directs et indirects en lien avec la lombalgie.
Risques d’un déremboursement
Exclure l’ostéopathie des contrats responsables aurait des conséquences contre-productives :
- Renoncement aux soins pour 1/3 des patients.
- Report vers des soins plus coûteux (médecins, kinésithérapeutes, médicaments), augmentant la pression sur le système de santé.
- Augmentation des coûts indirects (arrêts de travail, perte de productivité).
Les soins ostéopathiques, avec un coût annuel de 600 millions d’euros pour les mutuelles, représentent une dépense modérée au regard des économies potentielles sur la lombalgie.
Propositions pour une régulation équilibrée
Plutôt qu’un déremboursement, la note propose :
- Maintenir la prise en charge par les mutuelles.
- Créer une Autorité Publique Indépendante (API) pour encadrer la formation, la déontologie et la qualité des pratiques.
- Renforcer la recherche pour consolider les preuves scientifiques.
Cette approche permettrait de protéger les patients, de sécuriser la profession et d’éviter une inflation des dépenses de santé.
En conclusion, l’ostéopathie, intégrée dans les parcours de soins, offre une solution efficace et économique pour des pathologies coûteuses comme la lombalgie. Son exclusion des contrats responsables risquerait d’aggraver les inégalités d’accès aux soins et d’alourdir les dépenses publiques. Une régulation renforcée, plutôt qu’une mesure financière, apparaît comme la voie la plus pertinente pour garantir la qualité des soins et la protection des patients.
